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  Description

 

Cette installation est composée de 6 bidons d’essence et d’un pavé coulé en porcelaine blanche. Les jerricans sont érodés à la sableuse jusqu’à rupture. Les pièces ne sont pas émaillées. L’ensemble est également composé d’un foulard en tissus noir.

 

Les bidons empilés prennent la forme d’une pyramide. Le pavé est placé deux à trois mètres plus loin et le foulard se trouve à côté du pavé. 

 

L’installation est placée au sol sur une surface de couleur grise. 

 

 

 

Concept

 

L’installation prend la forme d’un chamboule tout (jeux se jouant habituellement avec une balle et des canettes disposées en pyramide) avec d’un côté une pyramide faite de bidons d’essence représentant notre mode de vie actuel, un des piliers économique, politique et écologique sur lequel repose la société capitaliste d’aujourd’hui. Ces bidons d’essence ont également une symbolique plus profonde, celle d’une société dépendante de ressources non renouvelables qui préfère son confort de vie à court terme, quitte à mettre en péril l’environnement. Une société gangrenée par la corruption où celui qui possède le pétrole peut régir la politique comme l’économie, une société Far West où argent est synonyme de pouvoir. 

L’ensemble des éléments qui constitue la pyramide sont érodés, ils représentent la déficience de plus en plus visible, et particulièrement dans le contexte actuel, des institutions dont dépend la croissance sans limites de la société d’aujourd’hui.

 

Par institution, je parle tout d’abord de l’état, et cette idée de fausse démocratie, où les présidents ont les pleins pouvoir et s’affranchissent de l’opinion publique. On l’observe dans plusieurs pays. Lorsqu’en France, les voix des manifestants se lèvent pour scander "Macron démission", comment est-il possible qu’il soit encore en fonction ? 

Lorsque la police est équipée d’armes de guerre qui sont utilisées contre le peuple, peut-on encore parler de démocratie ? 

 

Je parle aussi de la justice. Est-elle encore correcte lorsque la défense d’un individu dépend de sa richesse devant les tribunaux ?

Et de quelle justice parle-t-on lorsque l’on porte atteinte à la liberté d’expression uniquement quand celle-ci est dérangeante ? 

 

Je parle également de notre économie. Notre société repose sur un système économique instable, immatériel qui pourrait s’effondrer à tout moment et sur lequel le peuple n’a aucun pouvoir.

 

Cette même société est aujourd’hui totalement dépendante de ressources non renouvelables qui s’épuisent à une vitesse folle tel que le pétrole, provoquant un enjeu économique si grand que certains trouvent cette raison suffisamment légitime pour déclarer des guerres. 

 

En face de cette pyramide de jerricans, il y a un pavé qui fait écho au slogan de mai 68 « sous les pavés, la plage ! » Il devient symbole de révolte. Le pavé est l’arme du peuple lorsque celui-ci n’est pas écouté ou subit une violente répression. 

A côté de ce pavé, un foulard noir, foulard que n’importe qui peut se décider à porter avant de ramasser le pavé pour le lancer dans cette pyramide. Cette action permettrait d’exprimer un ras-le-bol envers un système auquel le citoyen ne s’identifie pas car un écart trop grand entre le peuple et les dirigeants est déjà creusé.

 

Le foulard est là pour permettre à n’importe qui d’effectuer ce geste. Il a pour but de rendre anonyme celui qui décide de tirer ce pavé sans risquer une répression.

 

Le but de cette installation est d’inciter le spectateur à ramasser ce pavé afin de détruire cette représentation symbolique du capitalisme. 

 

Cette installation fait également figure d’expérience. 

Je suis prêt à parier que vous n’auriez jamais osé ramasser ce pavé et réellement le lancer sur ces bidons.

Mais si les 5 personnes à côté de vous l’avaient fait, les auriez-vous suivis ? 

 

 

 

 

Processus

 

Un bidon d’essence en plastique est moulé, ce moule sera composé de 3 parties dont l’anneau de coulage qui est positionné sous la pièce. 

Les coutures des tirages ne sont pas retouchées, en effet, l’aspect brut d’une reproduction sortie du plâtre s’inscrit dans une démarche esthétique. Deux tirages par jours sont réalisés pour concevoir une série de 6 pièces. En parallèle, je moule un pavé (du quartier des grottes), ce moule est composé de 5 parties.

Malgré sa complexité technique, la porcelaine pc10b est la terre de coulage utilisée pour ce projet, car la porcelaine fait historiquement référence à l’or blanc, terme faisant écho à l’expression « l’or noir » qui est l’un des sujets traités. 

Une fois les pièces séches, les bidons sont érodés à l’aide d’une sableuse. Après l’opération de sablage, les résidus de sable ne sont pas nettoyés et les pièces sont enfournées ainsi, dans le but de leurs donner un aspect vieilli et poussiéreux. 

Les jerricanes sont cuits sur la tranche à 1240º de manière à ce qu’ils ne se déforment pas de manière excessive. 

 

titre 

 

Le titre "Article 35" fait référence l'article 35 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1793 qui dit, je cite:

"Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs."

 

 Conclusion 

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D’un point de vue technique, j’ai pu appliquer des connaissances acquises lors de précédents travaux : Archeologia et Résilience durant lesquels j’ai expérimenté l’érosion à l’aide de la sableuse et la résistance mécanique du matériau céramique en lui infligeant certaines contraintes. 

Les connaissances acquises lors de ces projets m’ont été d’une grande aide pour réaliser des pièces moulées et sablées, et maitriser les tensions, déformations et fissures provoquées durant la cuisson. 

 

J’ai également dû produire de manière semi-industrielle sur un temps particulièrement court, ce qui a demandé une organisation et un planning strict. Les moules ont dû être fait de manière rapide, pratique et propre. J’ai également dû trouver la bonne épaisseur des tirages, pour que ceux-ci puissent être démoulés sans fissurer, ni se déformer.

Ce projet m’a également fait prendre conscience d’enjeux politiques et sociaux auxquels nous devons faire face et qui ne sont pas considérés à leur juste valeur.

Ayant réalisé ce projet en période de crise due au covid-19, j’ai pu constater à quel point l’économie est fragile, la politique à besoin de renouveau et les abus de pouvoir sont fréquents.